Hors champs : de la détention au maraichage

Emmaüs Lespinassière, situé dans le Minervois (Aude, Occitanie) est l’un des 5 lieux en France qui accueille des détenus en fin de peine pour préparer leur ré-insertion. Crée en 2015 par Samuel Gautier, la ferme accueille 8 résidents pour une durée de 6 à 24 mois.

La transition vers la liberté est construite autour du maraichage, où les résidents sont salariés en CDDI (Contrat à durée déterminée d’Insertion). Les résidents salariés travaillent principalement la récolte et la vente de fruits et légumes (Bio), les chantiers sont aussi celui de l’entretien des terres et de la fabrication des Ganivelles (clôtures faites en bois).

La volonté de ré-insertion repose sur trois fondamentaux : l’apprentissage des travaux agricoles, la vie en communauté, l’ouverture et la préparation au monde extérieur (accompagnement administratif, professionnel, de santé et sorties culturelles). Ici chaque résident, exclusivement des hommes, a sa chambre et sa clef. Les équipes encadrantes sont présentes de 8h30 à 19h du lundi au vendredi, et l’alcool y est interdit.

Nichée au pied du village de Lespinassière, dans l’Aude (Occitanie), la montagne noire est le principal horizon, les sapins et la végétation prennent place au bitume, la rivière et la faune ont remplacés les cris de la détention. La vie en collectivité est le principal pilier de cette transition vers l’avenir, l’apprentissage et le respect du vivre ensemble sont les gages de l’insertion vers l’après.

C’est dans ce contexte que j’ai souhaité documenter un espace-temps et les personnes qui y cohabitent. Ce n’est pas la détention qui a fait l’objet de ce travail, ni même la liberté, mais la vie en collectivité qui s’organise dans un environnement tel que la nature, la ruralité, en questionnant l’idée de la place que chacun s’attribue.

L’organisation de la ferme est pensée de telle sorte que chacun doit réapprendre la vie ensemble, cette notion de collectif est réalisé, dans le travail de l’image, comme hors du cadre. J’ai souhaité montrer la singularité de chacun dans cet environnement rural. Les portraits croisent les grands espaces, la communauté les silences, les règle de confiance.

Texte et photos : Audrey Viste

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