Un été à bord d’une pilotine
La saison touristique s’installe en Corse en ce mois de Juin 2022, et le trafic maritime s’intensifie. Le port d’Ajaccio a vu son activité repartir à la hausse après deux années difficiles. L’activité touristique est majoritairement composée par les ferries (Corsica ferries, Corsica Linea) et autres géants des mers (Aida Cosma, le Bougainville, le Ponant, Aegan Odyssey, etc). Avec 796 000 passagers annuels, le trafic des lignes régulières a augmenté de 25%. De son côté, la croisière enregistre une forte reprise, avec notamment 230 escales programmées pour la saison.
Cet afflux touristique estival augmente considérablement la charge de travail des pilotes portuaires, qui vivent un été au rythme soutenu. En effet, lorsque les grands navires arrivent, le capitaine est obligatoirement assisté d’un pilote local qui va les aider à effectuer les manœuvres d’entrée au port, d’accostage et d’appareillage. C'est également lui qui va coordonner les équipes du navire et les équipes à terre. Ce pilote se rend à bord par la pilotine. Il existe deux stations de pilotage en Corse. Celle de Corse-du-Sud gère les navires fréquentant le port d’Ajaccio, mais aussi de Propriano, Porto-Vecchio ou Bonifacio.
Bruno Contena est basé dans le port Tino Rossi à Ajaccio. C’est un patron de pilotine de 52 ans, à la carrière de navigation atypique. C’est ainsi un des seuls de ses pairs a avoir déjà navigué ailleurs qu'en Corse (sur le Marion Dufresnes notamment, un navire français de recherche). Cela fait 14 ans qu’il s’est reconverti dans ce nouveau métier qui exige de hautes qualifications maritimes. Bruno exécute chaque jour de vraies performances en s’approchant au plus près des géants des mers qui font entre 170 et 337m avec sa pilotine de 14m. Quelle que soit la météo, le pilote grimpe sur le pont des bateaux à assister avec une petite échelle en corde déployée par l'équipage, alors que les deux navires sont en mouvement. Le métier demande beaucoup d’adresse et d’échanges entre le pilote et le patron de la pilotine. Il faut être réactif, efficace et à l’écoute pour une manœuvre réussie.
Texte et photos : Stephanie Lamy