L'atoll de Hao, en Polynésie française, a été transformé en base militaire pour les essais nucléaires français (1966-1996). En Europe, peu de gens connaissent les graves impacts environnementaux, sanitaires et sociaux de ces essais sur la population polynésienne.

Vingt-cinq ans après le dernier test, Hao oscille entre nostalgie du passé militaire, difficultés économiques et espoir d’un avenir meilleur. La fermeture de la base en 2000 a entraîné une hausse du chômage et laissé une population dépendante d’une économie autrefois florissante. Aujourd’hui, la vie sur l’atoll est rythmée par la pêche, la récolte du coprah et des traditions locales. Si certains apprécient cette tranquillité, d’autres se sentent oubliés par les autorités.

Les vestiges militaires rappellent un passé marqué par l’omniprésence de l’armée. Certains habitants vivent encore dans les anciens bâtiments militaires, perçus comme un privilège en raison de leur robustesse face aux cyclones.

Dans les années 1960, Hao est devenu une base logistique pour les essais nucléaires à Moruroa et Fangataufa. Avant cette transformation, moins de 200 personnes y vivaient de la pêche et de la culture du coprah. Pendant les essais, des avions militaires collectaient des échantillons radioactifs avant d’être décontaminés à Hao. À la fin des tests en 1996, l’armée a enterré des déchets et jeté des débris dans le lagon.

Malgré les conséquences environnementales et sanitaires, certains habitants gardent une nostalgie de cette époque. La présence militaire française apportait des emplois, l’électricité gratuite et une vie animée avec bars, boîtes de nuit et le premier cinéma en plein air de la Polynésie française.

Le photographe Laurent Sturm et l’anthropologue Dr Lis Kayser ont mené un projet commun sur place afin d’explorer cette mémoire collective.

Texte : Dr Lis Kayser
Photo : Laurent Sturm

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