L’exil sans fin
DANS L’INTIMITÉ DES DERNIERS RÉFUGIÉS DE TSKHALTUBO
Lorsque la guerre d’Abkhazie d’achève en 1993 après dix mois de combats meurtriers, cette région sécessionniste de Géorgie est désormais contrôlée par les séparatistes pro-russes. 250.000 Géorgiens sont contraints de fuir dans l’urgence à travers le Caucase.
10.000 d’entre eux posent leurs maigres bagages dans les sanatoriums de Tskhaltubo, station thermale auparavant prisée de l’élite soviétique mais abandonnée depuis la chute de l’ex-URSS. Ils espèrent alors tous revenir rapidement dans leur foyer.
Une génération et trente ans plus tard, les exilés n’ont pas pu retrouver le chemin de leurs terres. Si la plupart ont entre temps été réinstallés dans des logements sociaux construits à cet effet, quelques uns habitent encore aujourd’hui ces palais délabrés. Ils sont devenus un symbole de ce pays morcelé par les conflits, ainsi que des exilés et déplacés internes qui le peuplent. Les initiatives et les investissements conséquents du gouvernement ne suffisent pas
à résoudre le problème. Les derniers hôtes des sanatoriums restent déracinés,
sans perspective de retour ou d’avenir, dans un exil sans fin.
Texte et photos : David Tache