Fermes aquaponiques, l’avenir de la culture agricole urbaine ?
La ressource en eau douce se raréfie par les bouleversements climatiques que nous connaissons mais aussi par le besoin croissant du secteur agricole. Ce dernier consomme 70% des ressources mondiales alors que son efficience d’utilisation dans de nombreux pays est inférieure à 50 %*. La FAO (L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unis) prévoit que “d’ici 2050 les besoins en eau pour l’agriculture augmenteront de 50 % afin de satisfaire la demande alimentaire accrue d’une population croissante”. Enfin, l’agriculture est la 2ème source émettrice de gazs à effet de serre.
Mais l’agriculture sait aussi se ré-inventer. En 2018, cinq amis associés (Thomas Boisserie, Clément Follin-Arbelet, Laura Gaury, Paul Morel et Edouard Wautier), se lancent dans l’aventure de la culture aquaponique. A Mérignac, près de Bordeaux, s’est ainsi ouverte la ferme Odette , 2ème plus grande ferme aquaponique d’Europe. Sur 5.000m² , les maraichers-pisciculteurs s’inspirent d’une pratique qui existe depuis le IVe siècle et prend son origine en Asie. Les effluents de l’élevage de poissons servent de fertilisant pour les plantes, et ces dernières servent de purificateur d’eau. Les légumes, aromates et fleurs comestibles côtoient ainsi l’élevage de truites arc-en-ciel, qui sont elles-même nourries en farine animale bio. Cette méthode est considérée à la fois comme une agriculture durable, responsable, et économe en eau. Cette culture raisonnée permet en effet d’utiliser le précieux liquide en circuit fermé. Les eaux des bassins de légumes et de la pisciculture sont mélangées et oxygénées dans un puisard avant d’être redistribuées dans les bassins de pousse et dans les bassins des truites.
Cette culture sans pesticide requiert d’être vigilant face aux nuisibles, notamment aux chenilles. Pour lutter contre, en plus de l’introduction de certains insectes (syphres, coccinelles), des pièges avec des phéromones sont installés. Enfin, pour éviter la prolifération d’algues, les bassins doivent être totalement recouverts par les radeaux en polystyrène sur lesquels poussent les légumes.
La Ferme Odette espère à terme couvrir 1% des besoins de la Métropole en salade et 4% des besoins en truite. L’objectif de chiffre d’affaire annuel est de 900.000 €. L’aquaponie apparait ainsi comme une technique agricole complémentaire et d’avenir, qui permet d’installer des espaces de production dans les périphéries urbaines. C'est ainsi qu’un maximum de 30km séparent la ferme Odette de l’assiette des citadins, hors transformation de la truite qui s’effectue régionalement.
*source AIEA – Agence Internationale de l’énergie atomique)
Texte et photos : Fabrice Hébert