Nicaragua : quand l’eau ne coule pas de source

Bluefields est la capitale de la Région Autonome de la Côte Caraïbes Sud (RACCS) du Nicaragua, région la plus pauvre et isolée du pays. En 2020, la ville ne dispose toujours pas d’un réseau de distribution d’eau. Malgré un climat extrêmement humide et des pluies diluviennes qui la balayent la plus grande partie de l’année, obtenir de l’eau est un défi quotidien. Les infiltrations d’eaux noires et grises polluent régulièrement les nappes. Les fréquentes inondations contaminent les puits, et la sécheresse frappe quatre mois par an.

Si certaines familles disposent d’un forage privatif avec pompage motorisé et d’un système de citernes, la plupart des cinquante mille habitants se lèvent à l’aube pour se rendre à l’un des nombreux puits communautaires. Ils regagneront leurs domiciles en portant, à la force des bras ou dans des brouettes improvisées, la quantité nécessaire à la journée. Alors que, dans les pays développés, un seul geste de la main suffit pour obtenir la quantité d’eau souhaitée, à Bluefields les gens ont réinventé toute une chaîne humaine pour le même résultat. Depuis l’extraction à la main à la distribution des seaux à pieds, en passant par le nettoyage artisanal des forages et la gestion communautaire des puits, c’est toute une micro-économie qui rythme la vie des caribéens pour toujours avoir de quoi boire, se laver et s’occuper de leur foyer.

Texte et photos : Alexis Lemetais

 
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