Décrocheur de guerre
Juillet 2014, la guerre civile fait rage en Syrie, le pays d’origine de Wassim. De nombreux combattants de l’armée syrienne libre sont retranchés dans son quartier : Sheikh Maqsood, au Nord d’Alep. Dans la nuit, un bombardement du régime de Bachar el-Assad réduit cette partie de la ville à néant.
Cette fois s’en est trop, Zalkha et ses trois enfants, Wassim, Zakaria et leur sœur Roupaline quittent Alep pour la Turquie. Mohamad, le père de Wassim, les attend là-bas depuis deux ans. Lorsque Wassim arrive dans ce nouveau pays, cela fait plus d’un an qu’il n’est pas retourné à l’école, mais il ne reprendra pas les cours ici. Dès leur arrivée, le jeune homme rejoint son père dans une fabrique de vêtements. Ils y fabriquent des robes, des blousons et des jeans pour un salaire bien plus bas que celui des Turcs. Les journées sont longues, ils commencent à 8 heures et terminent aux alentours de 20 heures, parfois minuit. Les années passent mais Mohamad et Zalkha ne veulent pas de cette vie-là pour leur enfant. Ils déposent une demande d’asile et après un an de démarches administratives, c’est la France qui accepte de les accueillir. "Quand mon père a pris la décision de venir ici en France, c’était seulement pour que moi et mon frère puissions continuer nos études, c’était le seul moyen. Nous lui avons promis de faire tous les efforts possibles" raconte Wassim.
Ils s’installent à Grenoble le 8 novembre 2018. À 19 ans, Wassim va enfin pouvoir reprendre ses études après cinq années d’absence en classe. Il est accueilli au Clept, « Collège, Lycée Elitaire Pour Tous ». L’établissement spécialisé accueille des jeunes en situation de décrochage, mais également de nombreux réfugiés qui ont décroché malgré eux. Aujourd’hui, Wassim mène une vie de jeune homme presque normal. Le sport et les balades dans la région grenobloise rythment ses weekends. Au Clept, il suit depuis deux ans un programme scolaire hybride qui lui permet de rattraper le niveau scolaire attendu en fin de seconde. À force de persévérance, il a officiellement raccroché et passe en classe de première en septembre 2021.
Texte et photos : Romain Martyn